La visite de Tebboune à Moscou laisse Macron orphelin

C’est la première fois, depuis le voyage à Moscou de l’ex-président Bouteflika, en 2008, qu’un président algérien est reçu pour une visite officielle en Russie. La Russie qui a donné à la visite du président algérien un éclat particulier, alors que le déplacement du président Tebboune à Paris, constamment reporté, ne parvient à-pas à prendre forme..

Le représentant spécial du président russe pour le Moyen-Orient et l’Afrique, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, avait déjà qualifié cette visite d’« événement historique ». Les liens avec les pays occidentaux étant considérablement dégradés, ceux avec les pays perçus comme amicaux par la Russie sont particulièrement célébrés. Alors que ces derniers mois, les autorités algériennes s’étaient opposés sur une querelle de préséances pour savoir si le Président algérien se rendrait d’abord à Paris ou à Moscou. La messe est dite. Le clan pro russe, incarné par l’institution militaire, a imposé ses vues à l’entourage présidentiel qui joue d’avantage la carte d’une alliance privilégiée avec la France d’Emmanuel Macron qui ne ménage pas sa peine pour renforcer l’axe entre Paris et Alger.

Le « en même temps » de Tebboune

Dans un entretien en mars 2023 avec la chaine qataire Al Jazeera, le président Tebboune avait tenté d’adopter une position équilibrée sur la question délicate des relations de l’Algérie avecla Russie et la France, deux partenaires privilégiés, mais en conflit sur de nombreux dossiers, qu’il s’agisse de la guerre en Ufraine ou de l’influence de ces deux pays en Afrique.

Al Jazeera Les relations avec la Russie sont solides et anciennes, classiques et stratégiques. Lavrov, le ministre des affaires étrangères a rendu visite à Alger et au mois de Mai vous allez vous rendre à Moscou.

Le président Tebboune : Notre relation est ancienne, le président Poutine veut me rencontrer.

Al Jazeera Est-ce que l’Algérie s’apprête à jouer une médiation dans la guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine d’autant que votre ambassade est de nouveau ouverte à Kiev.

Le président Tebboune : Oui, l’Algérie est habilitée à jouer le rôle de médiation. Nous avons tenté une médiation au sein de la ligue arabe initiée par l’Algérie mais qui n’avait pas abouti.

Al Jazeera Votre ambassadeur n’est pas revenu à son poste à Paris, et vous-même aviez programmé, ce printemps, une visite à Paris avant Moscou. Comment voyez vous vos relations avec la France?

Le président Tebboune : Notre relation avec la France est normale, avec des oscillations de haut en bas (rires). Nous avons vécu ensemble un passé douloureux ayant vécu ensemble durant 132 ans. Il y a des choses pas bien se sont produites et notre peuple a peur pour son histoire. Nous ne pouvons faire des concessions sur notre histoire et notre mémoire.

Au delà de ces circonvolutions, le pouvoir algérien dont l’armée est la colonne vertébrale a traché. La visite à Paris dont Tebboune attendait beaucoup pour imposer sa candidature pour un deuxième mandat devrait être reportée encore, voire annulée. En revanche il était hors de question de faire attendre le Président russe et allié indéfectivle, Vladimir Poutine

https://mondafrique.com/lagenda-diplomatique-de-tebboune-enjeu-de-la-presidentielle/

https://mondafrique.com/six-cent-algeriens-formes-en-russie-pour-combattre-au-mali/

https://mondafrique.com/le-rapprochement-militaire-entre-alger-et-moscou/

 

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)

2 Commentaires

  1. Bonjour, c’est un journaliste algérien qui a écrit cet article, et qui sur le plan personnel, est plutôt favorabe au régime politique actuel, même
    s’il préfère rester anonyme

  2. Il n’y a pas de comparaison à faire entre la France et la Russie en ce qui concerne les relations avec l’Algérie. Vous avez d’un côté un pays qui vous a colonisé pendant 132 ans. Il a massacré environ 8 millions d’êtres humains, arracher des milliers d’hectares des meilleures terres aux Algériens qu’il a distribuées aux colons. Il a instauré un régime d’indigénats (les Algériens sont placés dans une situation pire que des sous hommes). Il a exploité la terre et les hommes. Il a interdit l’éducation des enfants.
    – En 1962, au minimum 90% des algériens étaient analphabètes (en 2020 le taux d’analphabétisme est de l’ordre de 7%).
    – Avant 1962 l’espérance de vie des Algériens était de l’ordre de 40 ans, en 2020 elle dépasse 74,5 ans.
    – La scolarité est obligatoire pour tous les enfants jusqu’à 16 ans.
    – En 2023, on compte 11 millions d’élèves (du primaire jusqu’au Lycée), 1,7 millions d’étudiants et 790 000 candidats au Bac.
    De l’autre côté la Russie, pays qui n’a pas colonisé l’Algérie, au contraire elle l’a aidée pour conquérir son indépendance et contribuée, depuis 1962, à son développement.

    Vous écrivez et ce n’est pas la première fois en continuant à raisonner comme le faisaient les colons avant 1962 et comme si la France a un poids sur les décisions des responsables Algériens (même les pays noirs africains dont les présidents sont directement nommés par la France se sont révoltés tels que le Mali, le Burkina Faso …) : « La visite à Paris dont Tebboune attendait beaucoup pour imposer sa candidature pour un deuxième mandat …. » comme si le président Tebboune dépendait de la France pour sa réélection.
    Vous vous trompez lourdement.

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